Dans le champ de la petite enfance et depuis le milieu des années 2000, les évolutions du contexte institutionnel sont marquées par des changements importants du point de vue de la gouvernance et de la recomposition de l'offre d'accueil sur les territoires. Ces changements s'inscrivent dans une volonté politique d'augmenter le nombre de places d'accueil, tout en maîtrisant les dépenses publiques.
Ces évolutions contribuent au « tournant gestionnaire » des milieux d'accueil du jeune enfant, par la diffusion d'outils de gestion et de processus de standardisation qui semblent homogénéiser les pratiques et réduire les écarts entre les acteurs. Elles induisent, en outre, une recomposition de l'offre d'accueil sur les territoires qui se caractérise, entre autres, par des formes nouvelles de coordination ou de coopération entre acteurs. On assiste en effet à la structuration de grands groupes à l'échelle nationale ainsi qu'à des regroupements d'établissements d'accueil (fusions, acquisitions, structuration en réseau, adhésion à des fédérations ou unions, etc), afin de consolider financièrement leur activité.
Dans ce contexte, cette communication vise à mieux comprendre les stratégies de coordination mises en œuvre par les acteurs de l'ESS en particulier par rapport à celles qu'adoptent les acteurs privés lucratifs. Deux grandes stratégies de coordination ont en effet été identifiées : une stratégie de croissance et une stratégie de coopération par un maillage en réseau. Le statut juridique permet d'expliquer pour partie le choix des stratégies déployées par les acteurs, même si notre étude a mis en avant un certain effacement des frontières entre les différents types d'opérateurs, notamment du point de vue de la recherche d'une performance gestionnaire (partie 1). Surtout, ces stratégies de coordination s'accompagnent d'évolutions dans les modes d'organisation et de processus de rationalisation différenciées, en partie dictées par celles-ci. Plus largement, au-delà de tendances à la standardisation, résultant des contraintes institutionnelles et gestionnaires, un certain nombre d'acteurs s'engage dans des logiques de différenciation qui témoignent de leur capacité renouvelée à défendre des innovations sociales (partie 2). En définitive, on parvient ainsi à distinguer quatre grands types d'acteurs qui structurent aujourd'hui le secteur de l'accueil des jeunes enfants selon des modèles d'organisation très différenciés.